Notre Tour de Wallonie en 40 étapes: Conclusions
Le mot de la rédac’
Un pas après l’autre, un matin après l’autre… une ligne d’horizon qui recule, les pauses dans les maisons amies, les étapes partagées avec la familles et les amis, les découvertes, les ciels, les arbres… les bières locales et les lits à ressort (hein Michel!!?!) J’ai pour ma part fait le plein d’images, de sensations, et retrouvé pour la première fois après ces drôles de mois une sérénité à laquelle je ne m’attendais pas.
Certains au cours de notre périple ont salué notre « courage ». Nul courage pour moi là-dedans : nous marchons pour notre plaisir, sans cause à défendre, sans risques incontournables, sans autre enjeu que d’arriver au bout d’un projet qui n’est que le nôtre. Du plaisir, oui. Un peu de douleur mais consentie, se prouver qu’on peut y arriver, qu’on est vivant…
Que dire d’autre que merci?
à mon GO préféré, unique : tant de kilomètres parcourus ensemble, tant d’autres à venir, de projets, d’envies à partager. On continue, évidemment! Pendant les 1000 ans qui viennent si tu veux.
à nos amis, aux amis de nos amis avec qui on a enfilé les soirées de bonheur comme on enfile des perles,
à notre famille toujours là, toujours présente pour faire un ou des bouts de chemins avec nous, même quand c’est long (hein Margaux?), même quand « ça fait mal aux jambes » (hein Jeanne?), même quand il y a des orties (hein Jules, Mathis, Tom?) mais aussi quand il y a des mûres et des framboises (hein Charlotte, Emma, Elise), quand on rencontre le prince charmant dans les bois, mais que c’est encore une grenouille (hein Fanny?) et quand personne ne croit que vous y serez (hein Maëlle?) ou quand on part à la chasse aux pokemons dans les églises (hein Loïck?).
Pas après pas, Michel P. (mention spéciale pour sa relecture attentive des chemins et les 9 super jours de marche à travers la Semois), Maurice, Arnaud&Valou, Céline & Cédric, Gaëtan & Cath, Jos, Mercè, Pierre & Marianne.
Pour les étapes étoilées, Christiane, Jean-Louis & Martine, Pascale & Maurice, Sophie & Benoit, Marie-Christine & Michel, Macha & Jee, Laurent & Anne-Françoise, la famille Corbisier, Babette & Eric, Alain & Joëlle, Vincent & Julie, Pierre & Françoise… l’apéro chez Miguel & Marie, les retrouvailles avec Christine & Serge… la liste est longue de tous ces moments doux, drôles, surprenants, partagés.
Pour conclure et paraphraser Pierre Dac, quand on me demande qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je, je réponds que je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne!
Le mot du GO
« Notre » tour de Wallonie, car Lisou m’a accompagné sur 30 étapes malgré un mal de pied récurrent qui survient après une dizaine de km. Sans elle je ne sais pas si j’y serais parvenu.
Ce tour a été fait sans autre but que le plaisir de la marche par étape, de partage avec ma compagne Lisou et avec tous les amis hébergeurs et marcheurs, que je tiens vraiment à remercier. Alors on ne va pas faire comme aux Césars mais je souhaite à tous leur dire le vrai plaisir qu’ils m’ont, nous ont, procuré au cours de ces étapes.
J’ai ressenti le bonheur de la liberté dans la marche dans les espaces parcourus et pesé la lourdeur des contraintes subies par la population parfois de façon absurde, chaque fois que l’on rentrait dans la ville ou un gros bourg. On a beau être en randonnée, on n’est pas coupé du monde. Et c’est ainsi que j’ai pu intégrer comment tout un ensemble d’injonctions contradictoires ont généré une peur panique auprès de la population mais aussi auprès des bourgmestres, sur lesquels le gouvernement s’est déchargé. Les mensonges des experts sur les statistiques qui ont du être rectifiées grâce au professeur Rentier ont contribué à renforcer de façon voulue cet état de fébrilité mais aussi la capitulation d’une grande partie des journalistes qui relaient sans les vérifier, les analyser, les infos gouvernementales. Ils ont participé ainsi à créer des situations d’une grande absurdité que l’on ressent comme d’autant plus grande que l’on a parcouru tout au long de la journée des étendues naturelles en toute liberté.
Le masque, ce fameux masque, rendu obligatoire dans des endroits où il n’y a pratiquement personne, porté de toutes les façons possibles, et souvent de façon inefficace, autour du menton, seul en voiture ou seul dans la rue, me mettait en colère chaque fois que je devais traverser ces espaces où la peur et la soumission totale avaient fait leur travail. Il était aboli pour les cyclistes… et pour les randonneurs au sac lourd, qu’en était il?
Bien sûr je ne niais bien évidemment pas son utilité dans les zones confinées, les magasins, les groupes compacts etc. Mais c’est en particulier l’absence de bon sens commun, des autorités et de la population qui m’interpellait et occupait une partie de mes réflexions dans les périodes de marche automatique.
Bigre, vivement une nouvelle étape où je pouvais retrouver une belle sérénité à l’abri du virus et des ravages qu’il cause surtout aux cerveaux et sur ses effets inhibiteurs de tout esprit critique.
La marche occupe bien sûr les jambes, mais aussi sollicite l’esprit qui lui aussi, retrouve sa pleine liberté de vagabonder. C’est ainsi qu’à travers mon smartphone, il m’arrivait de m’arrêter pour figer dans l’écrit des idées dont je savais qu’elle pouvaient ne plus revenir. Qu’en ferais-je? Là n’était pas le question. Mais le fait de les prendre en note libérait mon esprit pour d’autres réflexions. Et tout y passe, la nature, l’incroyable faculté de reproduction des espèces toujours différentes et toujours identiques, la relation aux autres, la famille, l’organisation du futur emploi du temps, l’organisation de l’agriculture, de l’habitat, les effets curieux sinon désastreux d’une société qui serait dirigée par des technocrates ou des experts etc … C’est ainsi que parfois, pris dans ces pensées, tout en me laissant pénétrer par les paysages, il m’arrivait poussé par mon élan, de rater une bifurcation. Heureusement, la technique veille et mon smartphone me faisait parvenir une voix de femme un peu agressive qui lançait d’un ton péremptoire. « vous êtes en dehors de la randonnée, veuillez consulter la carte » et reprenait quelques instant après « en dehors de la randonnée, dernier rappel » On aurait presqu’eu peur de lui désobéir!
Il y a toujours un sentiment profond qui revient dans ma tête comme une ritournelle. C’est qu’en marchant, je me sens relié à la communauté des hommes qui, bien avant que les moyens de déplacement alternatifs ne soient inventés, n’avaient pour se déplacer que la marche. Pour moi, ce lien est fort malgré les différences comme les bâtons de marche téléscopiques qui ont remplacé le bâton de bois, les chaussures avec semelles vibram qui ont remplacé les pieds nus et les vêtements techniques les peaux de bête. Mais c’est bien avec le mouvement cadencé de leurs jambes et de leurs pieds qui touchent bien par terre qu’ils avançaient comme moi et ça me fait simplement du bien.
Le projet longuement mûri est maintenant complètement accompli. Dimanche, c’était la dernière étape et j’ai retrouvé la famille avec le sentiment bizarre ne pas les avoir quittés pendant 40 jours. Et pourtant, c’est long 40 jours! C’est quand même de l’ordre de 900 km parcourus et plus de 14.000 m de dénivelé uniquement faits en Wallonie. C’est quand même tout les jours de nouvelles régions découvertes ou redécouvertes sous un jour nouveau, avec la lenteur du pas du marcheur. Ce sont de petites aventures quotidiennes où on redécouvre la différence entre la théorie du tracé en chambre et la pratique du terrain, les chemins disparus ou remplis de ronces, les petits chemins transformés en longues bandes d’asphalte, des parcours de 25 km sans vraiment tenir compte de la réalité des dénivelés à franchir et de la météo, qui s’est révélée surtout dans la Semois d’une générosité sans pareille.
Que tout ceux que cette aventure pourrait tenter sachent que je tiens à leur disposition les GPX des trajets programmés pour qu’ils puissent servir de base à leurs propres parcours. De la Wallonie, j’en ai fait le tour et cela m’a fait découvrir toutes les régions. On peut apercevoir dans beaucoup de villages traversés le souffle d’un renouveau mais malheureusement aussi, la réalité de la désertification de tout commerce local, même rudimentaire. Et tout en marchant, je pensais que c’est bien souvent des charges financières inadaptées et des contraintes administratives toujours plus tatillonnes qui ont eu raison de ces commerces qui peuvent redonner une vraie vie à ces petits villages. Un tout bel exemple à Mélin, un beau village de Wallonie où une magnifique initiative s’est mise en place avec un nouvel espace d’expérience et de consommation. C’est « l’Atelier », dont je voulais vous communiquer la vidéo, qui décrit cette belle réalisation associant l’innovation à l’analyse des besoins potentiels des locaux et des gens de passage. Et d’ailleurs Lisou et moi nous y sommes arrêté ( ce qui nous a valu notre heure de gloire au JT de la RTBF!).
D’aucun, et ils sont plus qu’un, m’ont fait remarquer que maintenant, l’âge limite atteint, je ne pourrais plus lire Tintin. Et bien soit, je continuerai donc à vivre mes propres aventures avec si possible, le plaisir de les partager avec vous, soit en m’accompagnant soit en les lisant dans le cadre de ce blog.
Que puisse longtemps encore agir chez moi et chez vous le virus bienfaisant à tout point de vue de la marche!
Merci pour ce magnifique et stimulant partage….
Marchons et croyons en nous, en vous….tant que l’on est vivant.
Bravo.
Marie Lauvaux
merci aussi pour vos encouragements
Bravo pour cette randonnée originale et imaginée par la nécessité des circonstances.
Belle conclusion à laquelle j’ajouterais le « ça c’est fait » traditionnel et à la prochaine.
Et merci encore pour les deux jours de partage.
Amitiés
Eloge de la lenteur, éloge de la simplicité, éloge du lien aux autres, à la terre, à la mémoire… Voilà un texte qui fait énormément de bien et qui ne donne qu’une envie : tout lâcher, plonger dans ses bottines et se mettre en route !!! Merci, Jean-Lou et Lisou !
Quel plaisir de vous lire au fil de vos pérégrinations et merci pour cet épilogue combien vrai…
Bises. Christine
On vous aime…bravo
magnifique! Merci! Et vive la lenteur, le doux, l’audacieux et la nature qui nous porte!