Etape 30 refuge du Fioux
Moment d’émotion, ce soir, à l’heure de remplir mon devoir de rédacteur en chef faisant fonction pour la dernière fois, depuis plus de trois semaines… Et pour cause: nous sommes dans le plus beau refuge que nous ayions connu depuis mon arrivée, avec une vue superbe sur le dôme du Goûter, du massif du Mont Blanc, dont nous pouvons profiter de notre terrasse. Et par un temps redevenu estival, avec une température qui a fait un bond de 10°, et la pluie qui n’est plus qu’un mauvais souvenir!
Ce matin, nous avons quitté notre refuge à l’heure matinale habituelle, (un peu avant 8 h) pour descendre sur Les Contamines, y acheter notre pique nique, écrire quelques cartes, et s’acheter un croissant et boire un chocolat chaud/café crème, bienvenus après déjà trois heures de descente. Puis nous repartons à l’assaut du massif suivant, le dernier en ce qui me concerne (snif, snif…), et en découvrant la vue magnifique sur le massif du Mont Blanc. Nous continuons bien sûr à croiser des hordes de touristes de tous horizons faisant le TMB (Tour du Mont-Blanc), et atteignons notre refuge de rêve à 15h30 au terme d’une montée très raide et de plus de 19 km de marche.
Cerise sur le gâteau: notre hôte du jour nous propose de faire notre lessive, ce que nous acceptons avec le plus grand plaisir.
J’ai surpris notre hôte, assis dans le jardin à contempler la vue qu’il voit depuis toujours (il est né ici…), sans s’en lasser. Mais triste de voir le glacier qui perd du terrain à vue d’oeil. Il ne neige plus ici, me dit-il. Quatre mètres seulement cet hiver, alors qu’avant, il en tombait 18…
Nous partageons un excellent repas avec une dame française très sympa, et quatre Espagnols, les premiers que nous rencontrons.
Pour terminer sur une envolée littéraire, voici un texte de Sylvain Tesson, objet d’une exposition dans la vallée: « Une seule chose était acquise: on pouvait encore partir droit devant soi et battre la nature. Il y avait encore des vallons où s’engouffrer le jour sans personne pour indiquer la direction à prendre, et on pouvait couronner ces heures de plein vent par des nuits dans des replis grandioses. Il fallait les chercher, il existait des interstices. Il demeurait des chemins noirs. De quoi se plaindre? » (extrait de son roman « Les Chemins noirs »)
Cela exprime bien tout ce que j’ai vécu dans cette expérience unique pour moi, en communion constante avec tous ceux que j’aime, qui sont restés au pays et que je vais retrouver avec joie. J’éprouve une immense gratitude pour Jean-Louis, qui m’a permis de vivre ça, et pour Lisou, qui nous a accompagnés sur le chemin. Merci pour tout, et bon chemin pour la suite! Le paysage que je garderai en mémoire est la vue des sommets enneigés que j’ai contemplée ce soir du refuge en pensant à tous les miens, mais je ne doute pas que les prochains jours, sous le soleil, seront aussi inoubliables pour Lisou et Jean-Louis !
Les récits furent passionnants et images. Bravo et merci d avoir conté vos exploits avec tant de finesse et de réalité parfois. Bon retour avec des milliers de sommets dans les yeux. Félicitations pour ce chemin parcouru avec Jean Louis.
Bonne continuation à mes gentils voisins… je prends soin de vos fleurs et légumes et suis en pensées avec vous,
Joelle
Bravo pour les récits si précis et enthousiastes.
Merci, Bernard, pour tes articles empreints d un si beau regard porté sur ce que vous avez vécu et surles autres que vous avez croisés. Mention spéciale pour les écritaux de la laverie, surtout celui en anglais qui nous a fait pleurer de rire
Bon retour dans la plaine
Je bois tous les mots de vos récits…. Merci…et bonne continuation à Lisou et Jean-Louis….