Lever sous la pluie, qui n’a apparemment pas cessé de toute la nuit. Dans ces cas-là, on a généralement le choix entre trois options. La première est de partir sous la pluie. La seconde est d’attendre que la pluie s’arrête. la troisième est de fixer un délai d’attente maximal au terme duquel on part quoi qu’il arrive. N’étant pas encore victimes de l’usure du mauvais temps, nous nous accordons facilement sur la choix de la première, et partons sous la pluie à l’assaut du col de Bresson (900 m de dénivelé), que nous atteignons en trois heures de marche. Sous la pluie battante et un vent glacial et violent, nous décidons de ne pas y faire de vieux os. Nous descendons sur un long sentier boueux transformé en ruisseau et apparemment régulièrement fréquenté par des  troupeaux de vaches nomades. Entre boue et bouse, mon coeur balance… Après être remontés vers le col de la Grande Berge, puis de la Petite Berge, nous arrivons, toujours sous la pluie, à notre refuge. Un refuge ancien au confort rudimentaire (pas d’électricité en journée). Mais une bonne douche bien chaude et un poêle près duquel nous essayons de trouver une place pour y mettre nos chaussettes, après les avoir tordues… Cela nous ravigote. Après quoi nous mangeons une délicieuse soupe et un petit salé aux lentilles, qui fait oublier à notre G.O. qu’il n’aime pas les lentilles. L’occasion aussi d’échanger avec de sympathiques randonneurs français du troisième age, un peu impressionnés par notre épopée, et qui nous proposent de nous conduire en voiture le lendemain au pied du col du Bonhomme, alternative au passage prévu par les crêtes. Nous éprouvons aussi beaucoup de compassion pour de jeunes français qui bivouaquent en faisant le tour du Mont Blanc, qu’ils n’ont pas encore vu depuis trois jours… Ils essaient de faire sécher leurs affaires au refuge…. Demain est un autre jour, et on s’amuse tout de même ! …