Etape 18 La Cleida
Introduction de Jean Louis
Hier, c’était notre journée de repos. C’est évidemment l’ occasion de vider son sac, de fond en comble, de faire la lessive et de faire l’inventaire des choses plus ou moins utiles ou même inutiles. Dans la préparation de notre randonnée, j’avais suggéré à Bernard de prendre du PQ, sans préciser, je l’avoue, la quantité. A la vidange de son sac, je me suis aperçu qu’il avait suivi les instructions un peu trop à la lettre, puisque de quelques feuilles habituelles à maximum un rouleau, Bernard s’était chargé de quatre rouleaux. Chacun fera les hypothèses qu’il veut sur la signification philosophique de ses intentions… Ce qui est le plus amusant, c’est d’imaginer la tête du gardien du gîte qui a du croire un instant à la multiplication naturelle des rouleaux de pq dans son établissement. A part cela, nous avons consacré notre temps libre à la lessive et la visite de Briançon et au repos en compagnie d’étudiants violoncellistes, qui à la longue nous cassait un peu les pieds.
Changement de blogueur et de style: c’est Bernard qui poursuit avec le compte-rendu (vous noterez au passage que j’ai enfin trouvé le tiret sur le clavier…) de la journée de repos, dans la canicule de Briançon, qui nous a aussi permis d’approfondir notre connaissance du Français (si, si, il y a des linguistes parmi nos lectrices…). Nous avons ainsi appris qu’on ne pendait pas son linge à sécher, mais qu’on l' »étendait ». La patissière, voulant savoir si elle devait emballer la tarte pour emporter, demande: « je vous la plie? ». Une déviation de route par suite de travaux s’appelle un « alternat ». L’eau dans les bouteilles est « capturée » à la source. D’où probablement le rôle de la capsule, visant à éviter qu’elle ne reprenne sa liberté. Et les chiens peuvent aussi divaguer, comme le montre l’écriteau de la photo jointe. En creusant la signification du mot, j’ai trouvé le lien suivant, dont l’avertissement en fin de page vaut son pesant d’or! Un avertissement sans doute à la mesure du risque d’un mauvais usage des mots…
dicocitations.lemonde.fr/definition_littre/20613//Divaguer.php
Notre journée de repos nous a permis de repartir avec du coeur à l’ouvrage. Certains penseront qu’utiliser cette expression à propos d’une activité de vacances est un peu déplacé, mais bon, si on commence à se poser ce genre de question philosophique quand on passe son temps à monter puis descendre, on est foutu….. Etape au demeurant, magnifique, par un temps superbe, sous le soleil et une petite brise rafraichissante. Au début de la montée vers le col de la Lauze, j’ai été surpris de voit quelques personnes sur le côté du chemin qui nous applaudissait en criant « Allez, Allez, Hop, Hop, Hop! J’ai compris juste après en voyant un jogger avec un dossard nous dépasser, suivi d’une nuée de congénères. Ils ont rapidement formé devant nous, sur le flanc de la montagne, un chapelet mouvant et coloré qui nous a tirés vers le sommet. Nous nous sommes contentés quant à nous, en guise de performance, d’arriver au sommet avant le dernier coureur, et dans le temps indiqué au début de la montée, soit 2h15 pour un dénivelé de 700 mètres. Le premier ces coureurs a, lui, accompli la montée en 45 minutes, avant d’enchaîner vers le sommet. Et ce n’était qu’un échauffement, puisque tout ce joli monde doit faire demain surle Mont Thabor, qui culmine à plus de 3.2000 mètres!
Pic nic peu après le col, qui m’a permis de découvrir un troisième usage aux bâtons de marche : extraire les pierres du sol pour pouvoir poser son postérieur sur une surface confortable, le dos appuyé sur un gros rocher. A cette occasion, je me suis fait aussi la réflexion que la vie de randonneur, malgré ses aléas parfois un peu pénibles, était tout de même plus agréable que la vie de pointes métalliques de nos bâtons. Nul doute que si elles accédaient à la conscience, elles voudraient instanténament changer de condition, pour une vie meilleure, fût-elle de bâtons de chaise…
Puis longue descente de 1200 m de dénivelé (une de plus…) pour rejoindre notre gîte d’étape à Pamplinet, où nous avons découvert notre compagnon de chambrée, un pompier de …. Wavre, avant de nous rafraîĉĥîr comme il se doit, cette fois avec une (d’accord: deux) Stella.
J’ai bien ri de l’épisode de la boite à tartines et des rouleaux de PQ. J’imaginais mon petit clown ayant remis son nez rouge et faire des facéties bien involontaires, comme les vrais clowns! Distraire la compagnie, c’est une noble tâche…
Dans un autre registre, vos photos sont magnifiques et leur poésie me donne à rêver…
Salut à toi,ô mon voisin et néanmoins ami très cher. Je suis avec attention les aléas de ton périple insensé et m’étonne de la qualité du parcours. Voilà qui est réjouissant. Grâce à tous les efforts que tu consens à ma place je me sens nullement coupable de ne rien faire. En somme , c’est comme si j’avais voté pour toi pour que tu puisses me représenter dans la montagne. Vive les dénivelés par procuration! J’y pense souvent à l’heure de l’apéro. A propos d’apéro, je suis passé chez toi récemment pour boire un coup avec Lisou. Il n’y avait presque plus de cette vieille fine que,tu le sais, j’apprécie beaucoup. Et maintenant il n’y en a plus du tout! Malgré ce désagrément,tout relatif il est vrai, je continue à espérer le meileur pour toi et à te souhaiter bonne chance dans les hauts et les bas de ton existence actuelle. Je constate aussi, à la lecture de ton compte-rendu de l’étape 18,que ton aventure comporte des effets secondaires intéressants.Je n’eus jamais imaginé qu’on puisse améliorer sa connaissance de la langue française avec ses pieds. Si cela continue tu recevras les Tables de la Loi au mont Thabor. Bon courage,mon ami, et merci pour tout. Essaie quand même de ne pas revenir à Houtain les mains vides, car il n’y a vraiment plus rien à boire chez toi.
Bisous
Michel